LUCIENNE CORNET CRÉATEURE EN ART VISUEL
1937-2022
Note biographique
Lucienne Cornet est décèdée à Québec le 30 août 2022. Le rythme, le mouvement et la vie, caractérisaient son art dynamique qui se manifestait à travers une création multiple en peinture, sculpture, installation, dessin et estampe.
Ses œuvres font partie des plus grands musées canadiens et collections québecoises. Elle a gagné plusieurs prix et a reçu le titre français de Chevalier des Arts et des Lettres. En 2011, La Manif d’art contemporain lui a attribué le prix Videre reconnaissance pour l’ensemble de son œuvre.
L'art de Lucienne Cornet
Elle a toujours aimé associer les recherches en sciences à sa pratique de l’art plastique. En puisant son énergie créatrice dans les forces de la nature (naissance, croissance, épanouissement, développement, transformation etc.) elle construit des formes à caractère organique. Ces formes se mettent en place à partir de structures, de principes biologiques mémorisés et recréés au contact du matériau qui guide la « rêverie » de la main. Tout le processus de venue de l’œuvre fascine l’artiste. Le matériau active, par ses différents états de transformation, la mémoire de nombreuses expériences naturelles et culturelles plus ou moins enfouies dans l’individu.
Ses œuvres se distinguent par l’utilisation d’un langage de signes symboliques forts, une sensibilité à l’échange et au partage. Elle transpose la réalité sensible dans une œuvre empreinte de sensualité et de spiritualité. Elle privilégie l’expérience de l’espace et du mouvement, suggérés par l’accent porté sur le jeu des rythmes et la mise en évidence des lignes énergiques qui donnent un effet de tension et d’élan. Expression de l’émergence des forces primordiales à travers les pulsions vitales de l’univers organique.
Démarche artistique
L’étonnement accompagne encore, après plus de quatre décennies de recherche, l’événement singulier qui se joue dans mon atelier. Là, dans ce lieu privilégié, je migre, du sol à une table, de la table au mur : un espace se construit, s’organise, des objets s’accumulent, des résidus sont mis de côté, en attente.
Un développement organique emprunte mille réseaux, « rhizome, carte et non pas calque », construction « tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel ». Une stratégie est mise en place, chaque décision répondant à une nécessité intrinsèque, à une authenticité de la vie de l’objet.
La « chose » apparaît à force de manipulation, de manigances. Elle a déjà au cours des ans pris des aspects variés empruntant leur technique au dessin, à l’estampe, à la peinture, à la sculpture, se développant par « plateaux », communiquant entre eux.
Photo : Louise Bilodeau
Les Mutations
Il y a surtout chez Lucienne Cornet une patience essentielle dans sa façon d’appréhender la pesanteur des choses, la progression du temps qui passe et qui entraîne. Pour elle, créer c’est habiter, mieux, c’est briser l’encerclement, ouvrir son île à tous les ouragans du monde et du langage, suivre chaque trace de mémoire afin de propager la vie, et d’abord en elle même.
L. Cornet c’est l’aventure
L’exploration des sens par les objets, la réciprocité des choses par le sentiment, la naissance d’une œuvre par ses composantes. Bref, une intuition qui s’exprime en recherche d’harmonie symbolique ou de rupture du temps, pour une peinture associative, où l’imaginaire et le hasard des matières s’organisent en toiles ou en sculptures.
Trompe la mort – 1985
« L.C. modifie l’espace traditionnel de la peinture. Ses tableaux se découpent et s’adjoignent des reliefs ou des éléments étrangers, proposant des séries de va-et-vient entre le plan du mur et l’espace… Ces mises en scènes illustrent les plaisirs de l’imaginaire, de la fantaisie et de l’imprévu.»